Mardi 12 juin
Dans la nuit de lundi à mardi, les gazelles du 1er tiers s’apprêtent à vivre un quart mémorable. Après une journée très tranquille, le vent s’est levé aux alentours de 20h. le temps d’enfiler les vestes étanches, la pluie bat le flanc du Belem. Le vent passe de 15 à 25 nœuds en quelques minutes, la barre devient de plus en plus difficile à manœuvrer. Les gazelles enchainent les manœuvres, sur un pont qui gîte très fortement. Impossible de se déplacer sur la coursive sans se tenir : ordre du capitaine.
La pluie s’intensifie, la visibilité décroît mais la vitesse augmente. L’excitation mêlée d’appréhension pour certaines se fait sentir. Le vent a encore forci et connaîtra des rafales à 40 nœuds. Malgré la météo, les matelots grimpent agilement dans la mature afin de serrer (replier) le cacatois. Il s’agit désormais, pour notre sécurité, de réduire la voilure. Les manœuvres continuent, dans l’obscurité. Les gazelles sont fébriles, motivées. Nous réduisons petit à petit une grande partie de la toile du navire. Les conditions sont telles que le capitaine interdit l’accès au gaillard et laisse la barre aux mains de l’équipage.
On l’a, notre tempête !!!
Rincées et à regrets, nous nous dirigeons vers nos banettes, les filles du quart suivant sortent du lit. A leur tour de guider notre trois-mâts barque fier dans la tourmente.
On se cramponne pour ne pas glisser. La coque vibre et craque, ondule presque, le navire est vivant et nous faisons corps avec lui. Nous apprenons lors du brief matinal que le navire a foncé à 11 nœuds dans la nuit, presque un record pour le Belem. Nous nous sentons à nouveau dans la course et prêtes à franchir la ligne d’arrivée, probablement dans la nuit de mardi à mercredi. Nous avons du mal à redescendre de notre euphorie, la nuit fut courte mais intense. Entre effroi et enthousiasme, nous avons toutes ressenti LE frisson sous toutes ses formes. Un sentiment aussi de fierté, d’avoir été utiles et d’avoir soutenu l’équipage. Notre contrat de stagiaires est rempli ! Pour couronner cette agréable journée, nous écrivons le journal du jour depuis le gaillard, face à un magnifique soleil couchant.
La terre fait son apparition à l’horizon…
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