Ce journal de bord démarre dès nos retrouvailles à Paris, vendredi 28 avril. Un moment fort en émotion. Ce n'est pas tous les jours que les rêves se réalisent. Le Belem...
Les Gazelles de la mer, cette nouvelle espèce innovante à forte énergie positive s'apprête à vivre une nouvelle étape dans sa mutation. Cela commence donc par cette joie inspirante et communicative, la joie de nous retrouver hors des sélections et le soulagement d'avoir finalement réussi à fermer nos sacs à dos pour le jour du grand départ. Les vestes, marinières et pulls marins qui nous sont remis avant l'intervention du Président nous seront bien utiles mais vont-ils tenir dans les sacs? Cette aventure va nous donner du temps pour nous connaître entre nous et nous-mêmes. Chacune raconte une anecdote sur le départ, l'au revoir aux proches, la fierté de son équipe, qu'elle s'est engagée à faire voyager - Sabine et d'autres ont leur journal de bord démarré par les soutiens de leurs collègues...
Samedi 29 avril : décollage pour Lisbonne au Portugal. Après une visite express de la ville et un délicieux déjeuner, les gazelles tombent de sommeil et s'octroient quelques courtes siestes dans le bus qui nous emmène à Sines. Nous voilà à bord du Belem. Le silence de l'émotion a fait place à l'excitation. Nous sommes accueillies par le second-capitaine: Tanguy. Très vite, nous descendons dans nos cabines pour poser nos (lourds et encombrants) bagages. Nous sommes réparties selon nos quarts et nous dormirons dans des bannettes (je souris intérieurement). Une banette, pour moi, c'était pour ranger des papiers jusqu'ici... Nous venons d'apprendre notre premier jargon de matelote. Nous essayons de tout ranger dans nos petits casiers.
Ensuite, direction le château de Sines pour notre première soirée "Crew Party". Lieu magique, scène ouverte, et piste de danse. Nous nous mélangeons aux autres équipages. On ne passe pas inaperçu, le trois-mâts est le seul bateau qui embarque un équipage exclusivement féminin. Nous sommes vite repérées avec nos chèches jaunes et notre incroyable enthousiasme. Jocelyne, fidèle à elle-même se déhanche, et les autres gazelles ne sont pas en reste. Nous sommes sous le charme. Et au loin arrive notre commandant, un personnage incroyable avec une barbe mythique, un charisme que nous perçevons toutes en un clin-d'œil. Nous sommes impressionnées. Cette soirée est faite de sourires, de joie et de complicité entre gazelles et membres de l'équipage.
Première nuit : je touche le plafond, je me cogne... Je savais que ce serait petit malgré tout je dors bien, merci le voyage et l'air marin ! Il faut apprivoiser de nouveaux bruits sur le bateau : les groupes électrogènes, la pompe à eau... Et puis on se sent bercées...
Premier matin, dimanche 30 avril, sur le Belem. Pour cette première journée, nous ne fonctionnons pas encore en quart et donc avons le plaisir de partager petit-déjeuner et déjeuner. Je suis de "petit-déjeuner", l'occasion de découvrir l'activité de la cuisine et de mettre en pratique les premières règles de fonctionnement. L'occasion aussi de découvrir que beaucoup de gazelles sont des lève-tôt! La faute à la première nuit mouvementée mais surtout à l'habitude... Nous prenons conscience que nous n'avons pas toutes les mêmes rythmes... Moi qui pensais être réveillée par un matelot du Belem, 20 gazelles douchées et habillées m'accueillent à 7h lorsque je me lève pour préparer le petit déjeuner !
Dans la matinée le commandant a présenté les règles sur le bateau et j ai parfaitement pu faire le parallèle avec le bureau. Le capitaine donne le cap/objectif, les chefs de quarts organisent la voilure et le bateau pour atteindre l objectif le plus rapidement. Lorsque le commandant a présenté le fonctionnement du bateau, l'équipage professionnel s'est placé derrière lui et le bar par ordre hiérarchique : sur le même niveau était le second du commandant puis venait le charpentier, le chef d'équipage et les lieutenants. Tout au fond étaient placés assis tous les matelots.
Sur le bateau tout le monde file droit car la mer est un milieu hostile. Elisabeth propose un atelier "pomme de touline" (premier noeud marin) pour tromper l'attente liée à la pluie tandis que Virginie fait des envieuses en disparaissant avec le lieutenant qui l'emmène faire quelques achats d'aliment sans gluten. Un autre groupe part avec le second lieutenant visiter "l'étoile".
Cet après midi nous donne l'occasion d'aller prendre la pleine mesure des concurrents. Un "sabotage" serait tentant mais difficile à mettre en œuvre malgré une tentative avortée d'encerclement des marins de l'Amerigo Vespucci la veille à la crew party... Deux ans qu'ils trichent en utilisant le moteur plutôt que la voile pendant la régate... Nous les aurons à l'œil. Autre petit plaisir de la fin d'après-midi, notre équipage féminin attire la curiosité de visiteurs du Belem. Il semblerait qu'on nous prenne, déjà, pour des professionnels - l'uniforme marinière nous y aide bien. D'ailleurs ce soir, l'équipage du Belem se joint à nous pour dîner.
La suite de nos aventures : demain on met les voiles...